Erwan ACAS

Nous entrons dans l’ère cybernétique, ère de la communication, de l'interaction et de la création de nouveaux êtres vivants. Pourtant, j’ai le sentiment que nous franchissons cette étape trop vite, en oubliant une dimension essentielle. Notre société moderne s’est progressivement séparée du reste du vivant. Les autres espèces sont éloignées, contenues, souvent réduites à des “zones protégées”.

Par cette mise à distance, nous avons perdu notre lien et notre capacité à ressentir et interagir avec ces autres entités.

Ce qui rend cette relation encore plus complexe, c’est que ces organismes sont, pour beaucoup, trop différents de nous. Ils échappent à toute tentative d’anthropomorphisme : nous ne pouvons ni projeter nos émotions sur eux, ni nous identifier à leurs modes d’existence. Leur sensibilité nous reste étrangère, inaudible. Il nous faut donc trouver un moyen détourné pour ressentir leur complexité.

Ce projet s'inscrit dans une pré-étape à la cybernétique, une phase de reconnexion avec le vivant existant. J’ai choisi le son comme vecteur d’interaction, car vecteur émotionnel instinctif et universel. En donnant une “voix” à une entité vivante, j’ai voulu rendre sa présence perceptible, sensible. Une fois ce canal établi, j’ai engagé un processus de collaboration sonore avec cette entité : un échange, une modulation partagée, dans un rapport de cohabitation le plus équilibré possible.

Ce travail est avant tout une tentative de perception sensible de l’Autre. Mon objectif n’est pas d’expliquer ou de maîtriser, mais de ressentir, de rendre compte de la présence, de la sensibilité et de la complexité d’un être vivant malgré une forme qui peut nous paraître élémentaire.

Instagram: @erwan.acas
@ Photographies par Alexandre Beltran