Édition

Bog Data

Résultat du programme de recherche : Web du partage

© Cité du design

Par Raphaël Pigeat

Dans un essai singulier et engagé, en jouant avec les mots et le jargon, Madeleine Aktypi s'interroge sur les nouvelles modalités du travail, et notamment sur celui - inodore et invisible - que nous effectuons équipé.e.s des « technologies intellectuelles » à l’œuvre dans ladite nouvelle économie. Mehdi Vilquin accompagne et interroge l'univers visuel lié à ce texte grâce à ses créations graphiques ad hoc.

Bog data propose un parcours en zig-zag reliant la Silicon Valley et le XVIIIe siècle britannique où le digital labor se confronte à l'écosophie, et les données aux minéraux. Entre le folklore digital des mèmes et les différends politiques créant de nouvelles conditions de production de valeur, il existe une flore et une faune numériques et anthropocènes qui peuplent cette nouvelle situation. En s'activant sur les réseaux sociaux, en rôdant sur les nombreuses applications numériques - apparemment gratuites - nous contribuons à la constitution d'une colossale masse de données informe, qui reste difficilement apprivoisable pour les citoyen.ne.s.

Dans la pratique, qui peut se saisir de ces données paradoxalement accessibles et hermétiques ? Comment ces données, symptômes de cette activité a priori opaque, modifient notre environnement ? Comment le travail évolue- t-il dedans ? Nos forces de production et leurs modalités d'organisation sont-elles solubles dans le Web ?

Bog data est un pince nez spécial qui exerce les narines à la détection de ce gaz inodore. C'est une recherche qui défie les interfaces lisses et ordonnées de nos technologies intellectuelles en faveur des marais, des tourbières et des marécages, autant d'écosystèmes embourbés où le minéral coexiste avec le végétal (...).
Lire le passé pour en extraire une prédiction sur l'avenir (big data) ; produire de la valeur sans travailler et sans être rémunéré (réseaux sociaux) ; déléguer une activité à des programmes opérant en réseau (applications). Cette trinité d'activités récentes sert de base à une nouvelle forme d'économie mais aussi à une nouvelle forme de vie sociale, ainsi qu'à une autre compréhension de ce que travailler peut (cesser d')être.
Le travail est en train de se diluer dans un ensemble d'activités qui peinent à être considérées comme tel. Des gestes apparemment inoffensifs et presque insignifiants de prime abord, comme être accompagné-e par son smartphone en continu ; des gestes de routine et quasi automatiques comme remplir un « recaptcha » ; des gestes émotifs comme cliquer sur « J'aime », peuvent être difficilement définis comme du travail, par exemple. Ce sont pourtant ces activités qui, effectuées par un très grand nombre d'utilisateurs quotidiennement, créent comme on l'a vu des données qui, devenant métadonnées, produisent de la richesse. En complément à ce que Moulier-Boutang décrivait concernant une deuxième sorte d'automatisation où les machines semblent s'éveiller vers de nouvelles aventures intellectuelles, on souligne l'existence de tout un ensemble répétitif de gestes proposés, ou imposés, à des humains, et qui les plonge dans un automatisme machinique.


Éléments techniques
Distributeur et diffuseur : POLLEN / CEDIF
Parution : octobre 2016
Langues : français et anglais
Format : 215 mm × 260 mm
Pagination : 50 pages
EAN13 : 9782912808691
Prix :15 €
Disponibilité : 
En ligneEn librairie

Par Raphaël Pigeat


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