Le deuxième cycle en Art est le temps de la maturation et de l'affirmation progressive d'une pratique singulière. La préparation au DNSEP Art de l'Esadse correspond ainsi à un accompagnement vers les fondements d'une démarche artistique qui met en jeu les notions d’œuvre et d'auteur.
Dans la diversité des pratiques contemporaines, l’option « Artiste ! » de l’Esadse considère d’abord une œuvre comme un artefact, soit un fait artistique. C’est une constellation de pensées, d’intentions, de choix, de références faites par un sujet et cristallisées dans une forme. L’enjeu porte donc sur l’élaboration d’une forme qui ait une puissance de présence, quelles que soient ses caractéristiques techniques et matérielles. Les démarches privilégient une volonté d'éprouver le monde par une phénoménologie du sensible. Si une expérience est singulière, les démarches artistiques n'envisagent pas les questions qui se posent dans le monde d'aujourd'hui sous un regard englobant mais à partir de situations de perception uniques qui en restituent la complexité et, souvent, la polysémie dialectique. Cette expérience sensible se manifeste dans l’œuvre bien sûr par sa matérialité (en particulier lorsqu'il s'agit de peinture ou de sculpture) mais elle s'agence aussi dans les processus d'écriture, les diverses relations à l'image (picturale, photographique, vidéo) et les dispositifs numériques. L’œuvre d'art comme expérience peut aussi se traduire dans un lien intrinsèque au moment de l'exposition, qu'il s'agisse de pratiques in situ ou de performances. Elle intègre enfin pleinement les démarches où la recherche d'une forme ou d'un geste travaille avec des éléments de la nature, du vivant, selon une attention contemporaine à notre environnement, dans toutes les acceptions que ce mot peut recouvrir.
L'option « Artiste ! » de l'Esadse est ouverte à toutes les pratiques, à l'image de la création contemporaine, et à leurs hybridations. On peut néanmoins relever trois spécificités des enseignements de l’école, à la croisée desquelles peuvent s'inscrire toutes les pratiques actuelles, et qui donnent à l'option Art de l'Esadse son identité :
– Les picturalités : cet axe concerne évidemment les pratiques de peinture, historiquement très présentes à l'Esadse avec de nombreux artistes diplômés et ayant acquis aujourd'hui une réelle visibilité, ainsi que des enseignants, artistes et critiques reconnus dans ce champ. Plus largement, il envisage les connexions entre matière, surface, couleurs, gestes, histoire, au-delà du médium peinture, englobant et dépassant l’objet tableau : comment une sculpture, une photographie, une vidéo ou une installation, par exemple, peuvent-elles avoir une dimension « picturale » ? Cet axe se nourrit de nombreux partenariats (FRAC Auvergne, Galerie Ceysson-Bénétière…).
– Art et artisanat : la création contemporaine intègre un renouveau des pratiques artistiques qui convoquent une dimension artisanale comme la céramique, le textile, le verre... Cette relation renouvelle les formes sculpturales mais s'inscrit plus largement dans une volonté de repenser les modes du faire, les hiérarchies ou les catégories. Cet axe s'appuie fortement sur les ateliers techniques de L'Esadse, qui favorisent des passerelles avec l’option Design Objet et se nourrit des partenariats de l'école, notamment via le programme Arts and Crafts aujourd'hui et ses liens à l'international, avec des possibilités d’échanges facilités entre les écoles partenaires.
– Les arts du temps : le cinéma, l’écriture – comme pratique plastique –, la performance et la création sonore font partie du champ de la création plastique contemporaine et sont revendiqués par nombre de créateurs. La qualité de l’enseignement du cinéma à l’Esadse est reconnue par de nombreuses sélections des étudiants au Festival International de Cinéma de Marseille (FID) et les cours de création textuelle ont permis à plusieurs étudiants d’intégrer le Master de création littéraire du Havre.
L’option « Artiste ! » offre donc des opportunités variées, tant dans la transmission des savoirs (cours théoriques, dessin, peinture, photographie, volume, performance, littérature, cinéma…) que dans les partenariats avec des structures extérieures (stages dans diverses institutions, participation à des expositions, rencontres avec des artistes, voyages culturels, conférences, workshops…).
La pédagogie trouve son sens premier d’accompagnement sur le chemin de l’accomplissement. Au fil de ce cursus, il s’agit donc pour l’étudiant de se définir soi-même, en tant que futur artiste, en bénéficiant de l’accompagnement d’enseignants, actifs dans les champs de l’art et/ou de la critique, sans imposer une esthétique prédéterminée.
L’étudiant en art est donc amené à développer ses orientations propres, sans contraintes thématiques ou référentielles, afin de faire émerger un répertoire formel singulier. L’enjeu est de faire advenir une « praxologie », une logique du faire. C’est un véritable savoir-faire dans lequel l’œil, le cerveau et la main travaillent en symbiose.
Coordinateur (années 4 et 5) : Karim Ghabbab est critique d’art, membre de l’AICA (Association internationale des critiques d’art). Auteur de très nombreuses préfaces de catalogues d’expositions, il a également participé à des ouvrages collectifs (Hibrid, regards croisés sur la peinture contemporaine en France, éd. des Riaux, 2007, collection Beautés, éd. Galerie Fournier et Frac Auvergne, depuis 2010) et a collaboré à plusieurs revues spécialisées (Le Journal des Expositions, art press, Art Absolument).
Stage obligatoire de 3 à 6 mois en France ou à l’étranger ou 1 semestre d’échange avec un établissement partenaire à l’étranger.
Le Laboratoire d’Expérimentation des Modernités (LEM) est la structure de recherche de l’option « Artiste ! » et prolonge ces approches. Il développe actuellement un axe de recherche soutenu par une subvention européenne et en collaboration avec cinq écoles à l’étranger (Bruxelles, Bratislava, Montréal, Porto, Tétouan), autour de Arts and Crafts aujourd’hui, étudiant les liens qui unissent le mouvement anglais historique et ses héritages dans la création contemporaine, notamment autour des questions liées à l’artisanat, la dialectique main/machine, le positionnement politique, le rapport entre modèle (formel et historique) et innovation. Le LEM développe également un second axe de recherche sur les picturalités, ayant déjà donné lieu à expositions et publications. Le laboratoire accueille des étudiants en doctorat, en co-direction avec des universités française et étrangères, en particulier l’ Université du Québec à Montréal. Une étudiante est actuellement en doctorat en partenariat avec l'Université Aix-Marseille et un autre avec l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
Quelques artistes récemment diplômés de l’option Art : Loïc Bonche, Jordan Madlon, Camille Pradon, Jonathan Pornin, Nadjib Ben Ali, Clémentine Chalançon, Robin Curtil, Nicolas Momein, Mylène Sanchez, Sarah Del Pino, Pierre Brunet…
Quelques personnalités récemment invitées : Jean-Christophe Bailly, Mireille Blanc, François Boisrond, Nicolas Bourriaud, Claire Chesnier, Christophe Cuzin, Georges Didi-Huberman, Nicolas Feodoroff, Teresa Lanceta, Annie Lebrun, Thomas Lévy-Lasne, Gilles Lipovetsky, Sara MacKillop, Yves Michaud, Catherine Millet, Marylène Negro, Didier Semin…
Musée d’art moderne et contemporain, Saint-Étienne Métropole
Manifesta, Lyon
Fonds régional d'art contemporain (FRAC) Auvergne, Clermont-Ferrand
Festival international de Cinéma Marseille (FIDMarseille)
Depuis 2012, l'Esadse archive et propose de découvrir les projets des diplômés en images :
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