DNSEP Art

Loïc Bonche

Burn Snake Eyes

Ce sont mes mains qui dirigent la forme, c'est un travail autour du geste.
Au cœur du feu, la céramique brûle et change d'état de matière.
Elle m'échappe dans le moment de cuisson.
La cire en fusion pénètre les trames cotonneuses, future réserve,
Les points et lignes forment les espaces d'altération de la toile, la javel donne naissance à la lumière, la chimie s'établit.
Se dresse verticalement sur l'établi une jungle de formes telluriques.
Les batiks s'élèvent du mur et leurs noirs profonds laissent proliférer les lumières et les céramiques dans l'espace.
Hic et Nunc, la magie opère le cycle se poursuit.
Le rituel éprouve le fond de ses formes.
La surface et la profondeur du matériau poursuivent le regard de l'œil.


Avec un ancrage dans des références archaïques et contemporaines, je travaille d'une manière cyclique et rudimentaire, la matérialité prend sens dans le faire, dans la manière de fabriquer. Proche de différentes techniques artisanales, ma pratique évolue autour de la céramique et du batik. Je travaille de manière intuitive, dans un rapport parfois violent surgit une forme. Cette idée et ce besoin de surgissement résultent d'une réflexion intense et intime autour de l'acte créateur. Le travail s'exécute dans une sorte de méditation, la matière est vivante, mon geste s'établit avec l'essence du matériau par une forme de spiritualité.
Le rapport au feu, au changement d'état de la matière, sont des points précis de mes axes de recherche. Le travail reste parfois insaisissable, la maîtrise échappe et laisse part à l'intuitif. Les gestes sont connectés dans leurs rapports à l'altération, par leurs similarités aux techniques et art traditionnels, à mi-chemin entre la tifosi, le punk et le graffiti. Les techniques que j'utilise sont liées aux ambivalences de ces pratiques, leurs esthétiques s'imprègnent de cultures extra-européennes pour construire un langage formel à part entière.
Dans l'espace, un phrasé s'articule dans les différentes pièces. Il construit un paysage dans lequel ces céramiques protéiformes surgissent de la table, comme un compte-rendu ethnographique, entouré de batiks, aux allures de bannières narratives qui éprouvent l'espace sous une profusion vaporeuse chaude rappelant les lueurs du feu. Un dialogue se construit entre formes, couleurs, matériaux et empreinte, il prolonge la lecture des gestes qui s'entremêlent dans ma pratique.

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Crédits : © S. Binoux


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