Une free-party est une fête ouverte à tou·te·s et gratuite, organisée par un collectif de bénévoles appelé Sound System, dans laquelle sont diffusées des musiques électroniques. Violemment réprimées par les autorités dès leurs débuts, ces fêtes sont libres mais leur organisation illégale impose des contraintes qui deviennent des étapes rituelles permettant d’y accéder :
- récupérer le flyer indiquant la date de l'événement, le nom du Sound System et le numéro de l'infoline
- suivre les indications de la boîte vocale pour accéder au lieu de rendez-vous
- savoir écouter en pleine nature les basses lointaines pour se diriger dans la bonne direction

Ce qui importe dans ces fêtes cachées et secrètes, c’est le système-son qui doit se mettre en place en un minimum de temps. On accorde que peu d'importance à l’environnement visuel dans lequel la free-party s’inscrit, depuis la mise en page du flyer jusqu’à la scénographie. 

Je me suis donc intéressé à ce qui se passe autour et en dehors du caractère typographique, en travaillant la contre-forme de la lettre, pour développer un vocabulaire graphique à partir de deux typographies : la Serifa Black créée par Adrian Frutiger et la Chivo créée par la fonderie Omnibus-Type. 

De la page à la maquette en passant par l'espace virtuel et physique, la T.E.U.F devient alors une proposition graphique et visuelle globale pour une free-party. C’est un alphabet qui évolue en fonction du lieu de rendez-vous et de son accessibilité, du matériel et du temps d'installation nécessaire, et du mode de communication choisi par le Sound System.

Grottes, forêts, hangars désaffectés ou champs boueux, le territoire festif de la free-party est ensuite constamment traversé par la foule et morcelé en zones autour des feux, des stands et des camtars avec des fonctions diverses. La T.E.U.F s’inscrit dans cet espace autonome par la fabrication d'outils graphiques collectifs : la sérigraphie de « la dona » (qui ne répond pas directement à une logique marchande car elle « rembourse » plus qu’elle ne « rapporte ») et l'assemblage du tapis du chill-out (où l'on vient se reposer et discuter à l'écart du son).

La T.E.U.F, à travers ce vocabulaire plastique, permettrait d'amener une unité graphique du flyer à la scénographie globale de la free-party, et d'apporter une qualité plastique souvent délaissée par les Sound System, qui privilégie la rapidité et l'efficacité.

Photos © Sandrine Binoux


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