Comment mettre en place un processus de création à partir de
matières déjà existantes en prenant en compte leurs contextes de production ?
Le projet a pour but d’insérer ma pratique de designeure au sein
d’entreprises pour les sensibiliser à la valorisation de leurs déchets et à
l’économie circulaire, tout en créant des objets démonstratifs qui mettent
autant en avant leurs savoir-faire que leurs matières. Pour valoriser des matières dites pauvres, il fallait trouver un
gisement de déchets conséquents qui n’avait pas été encore décontextualisé, en
étant, par exemple, éloigné de son lieu de fabrication. Se rapprocher
directement des producteurs a donc été la solution. Deux cas d’études ont été
choisis : Julien Faure, rubanerie de luxe et céramique du Beaujolais,
ateliers de carreaux artisanaux. C’est à partir de ces deux contextes, que j’ai mené en parallèle
deux projets différents, qui m’ont permis de mettre en lumière un même processus
de travail. Ce processus a été segmenté en 5 parties bien définies puis rédigées
comme un manifeste :
Étape 2 : Re Considérer
Une fois l’amas de résidu repéré, il est fréquent que ce ne soit
pas en très bon état. La saleté représente un désordre dans le classement de la
société, la purification, le nettoyage et l’exclusion des déchets sont une mise
en ordre. La deuxième étape doit passer par l’organisation, le tri, le
classement et parfois la sélection, car ce sont des actions qui peuvent donner
de la valeur à la matière. Elle permettre de changer de point de vue et de voir
le potentiel. « Tout le monde connaît l’utilité de l’utile, mais personne ne
connaît l’utilité de l’inutile. » (Tchouang-Tseu)
Étape 3 : Re Approprier
Les matériaux présentés n’ont pas d’historique en
tant que produit principale puisque qu’ils ont été rejetés et traités comme
déchets. Ils
peuvent maintenant servir de base à la création de nouvelles
matières. L’une des stratégies les plus pratiques et les plus courantes
pour obtenir des matières premières à partir de déchets, consiste à les
déchiqueter en fragment de taille uniforme. Mais il est aussi possible
d’utiliser la matière dans sa forme et son niveau de complexité pour s’en
servir autrement, « c’est la politique du bernard l’hermite qui s’installe dans des coquilles vides
» (La poubelle et l’architecte, de
Jean-Marc Huygen). Pour cette troisième
étape de réappropriation, il ne suffit pas de regarder un matériau seul, il
faut le regarder dans son contexte et s’en inspirer. Il est possible de
combiner le matériau réutilisé avec un autre neuf du même type, ce qui ne
compliquerait pas le traitement de l’objet final dans son futur statut de
déchet. »
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Photos © Sandrine Binoux