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Constance Mandaroux

Comment peut-on se partager la manière dont on reçoit et ressent une musique ? En partageant nos musiques, peut-on se transmettre les images, souvenirs et sensations d’écoutes antérieures qui se réactivent à chaque nouvelle écoute ?  
À travers ce projet je me suis intéressée à une musique, Planetary Funk Alert de l’artiste Seba, qui, lorsque je l’écoute, me renvoie à toutes mes promenades urbaines musicales. L’espace que j’ai imaginé évolue suivant les différentes atmosphères du morceau, afin de partager cette synesthésie qui se créé entre musique et espace urbain lorsque l’on arpente la ville en musique. Source d’inspiration plastique, support d’images mentales, ville et musiques s’entremêlent afin de devenir ensemble, la ville de 18h30 :  

La ville de 18h30 n’existe que dans un court laps de temps. L’heure à laquelle elle prend corps varie en fonction des saisons et du coucher du soleil, mais elle porte son nom car elle a été identifiée pour la première fois à 18h30. 
Elle se caractérise par sa luminosité particulière, une lumière douce et diffuse parcourt encore le ciel, tandis que les éclairages publics et appartements s’allument progressivement.     

Elle oscille toujours entre deux atmosphères insaisissables, c’est le jour qui croise la nuit prête à s’installer. La lenteur bleutée du ciel exalte les lumières et couleurs de la ville. Les immeubles disparaissent en masses colorées derrière l’excitation des passant·es. La ville de 18h30 s’expérimente en musique, elle n’existe pas sinon. Elle est un spectacle qui se découvre du dedans mais avec suffisamment de distance pour observer et discerner les tempos qui se croisent. La musique permet d’opérer la dissociation nécessaire en occultant en partie les bruits de la ville. Cependant, pour la saisir, il faut trouver le son juste. Celui qui va guider lentement la marche et le regard.     

La déambulation se doit d’être aléatoire : marche sans objectif, elle est guidée par le rythme du morceau. Comme la ville, la musique porte deux ambiances superposées. L’une installe la vitesse de la marche et met le·la marcheur·euse dans un état flottant, prêt·e à dériver. Quand le corps est imprégné de ce tempo, arrive un rythme plus saccadé qui met le regard en alerte. Mouvements d’eau, de tissus, d’enseignes, de piétons, se démarquent de la lenteur ambiante.     

Comme une caméra, l’oeil vif capture ces images, opère des recadrages et attrape les courbes qui résonnent avec la musique. La poussière sur les capots devient peinture, les vitres reflètent les couches sonores qui se superposent, les bâtiments deviennent écrans, supports de projections mentales, les souvenirs portés par les écoutes antérieures croisent ceux en train de se créer.     

La ville de 18h30 n’existe pas, elle est la superposition de toutes celles parcourues pendant l’écoute.

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© Fabrice Roure
© Léana Mouches-Damian 
© Constance Mandaroux


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