DNSEP Design mention Objet

Mathilde Vaillant

Réminiscence olfactive

Ce projet de diplôme aborde le sujet de la rééducation olfactive suivie par des personnes anosmiques et hyposmiques, personnes ayant totalement ou partiellement perdues l’odorat. Plusieurs protocoles existent mais je me base sur un protocole largement diffusé, celui proposé par l’association anosmie.org et appuyé par le corps médical.  

La rééducation est quotidienne, matin et soir. Et si le patient veut pouvoir espérer une amélioration il se voit obligé d’introduire ce rituel au cœur de ses journées pendant 24 semaines. Six huiles essentielles sont proposées à sentir. Le patient effectue un premier reniflage de chaque huile essentielle à l’aveugle et un deuxième reniflage après avoir lu le nom de l’odeur, pour entraîner sa mémoire olfactive.   

Mon expérience personnelle en tant que patiente, il y a quelques années, m’a fait prendre conscience de la pauvreté sensoriel des objets mis à disposition. En effet, les seuls objets présents pour sentir sont de simples flacons. 
Je vais à la rencontre de différents acteurs en santé, en design et dans le monde de l’olfaction et j’interroge sept personnes anosmiques ayant suivies une rééducation olfactive.  

Suite à ces constats, je développe cinq typologies d’objets différents. Chacun propose un usage différent dans la manière de sentir et un rapport unique à l’odeur. Cependant, une seule typologie d’objet peut suffire à suivre la rééducation olfactive en entier.   

En stimulant le corps par des gestes anciennement liés aux odeurs, je tente de faire revivre aux personnes anosmiques des émotions liées à leur mémoire olfactive. En donnant à toucher et à voir, l’odeur perdue devient présente et ancrée dans la réalité.   

- Le bulbe se prend à deux mains afin d’englober l’odeur de ces mains pour la présenter au nez. Chaque bulbe voit son odeur inscrite derrière en relief ce qui permet de sentir une première fois à l’aveugle et de lire au toucher le nom de l’odeur pour le deuxième reniflage. 

- L’éventail à odeur possède un manche en bois dessiné pour la préhension de la main afin d’actionner les poils soit dans un rythme lent près des joues et du nez au contact de la peau, soit dans l’air afin d’agiter dans l’espace les molécules odorantes présentent sur le papier. Une édition donnant à voir une description graphique des odeurs vient recueillir les papiers au fur et à mesure du protocole.   

- La barque est composée d’un manche en bois et de feuilles de couleurs sur lesquelles quelques gouttes d’huiles essentielles sont déposées. Elle invite le patient à reproduire un geste familier comme celui de sentir un livre. Le manche reste le même mais les feuillets se détachent pour accueillir les six odeurs à la suite. Lorsque le livre est inactif il ne sent pas mais lorsque les voiles sont animées,l’odeur atteint les muqueuses grâce au vent.  

- La gouttelette est présentée comme un bijou. C’est une bille en céramique émaillée à demi qui vient recueillir une goutte d’huile essentielle. Les fils d’argent forment un bouquet qui s’ouvre pour sertir la bille. La plume permet d’agiter l’air ambiant, tout en donnant la distance à laquelle sentir et fait tournoyer les molécules odorantes. L’odeur est vue ici comme une pierre précieuse, mise en évidence, à chérir comme une denrée rare.  

- Le lécythe a été dessiné suite à une problématique retrouvée lors de mes entretiens, le coût des objets de rééducation. Le lécythe peut être produit depuis chez soi avec un patron et une simple feuille A3. Une goutte d’huile essentielle déposée sur l’encoche suffit à sentir sans agresser les muqueuses.  

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© Fabrice Roure
© Mathilde Vaillant


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