« Échafauder » s’inscrit dans ma réflexion sur la manière dont le corps inscrit des formes, dessine des trajectoires et habite un espace.
Mon travail pictural prend toujours appui sur le corps en mouvement, que je capture aux moments où le geste passe d’un état à un autre — des transitions que je nomme « inter-mouvements" — avant de le peindre à l’échelle 1. Ces corps deviennent alors les points de départ à partir desquels je construis des volumes et des dispositifs spatiaux en dialogue direct avec eux.
À travers cette performance, je cherche à déplacer le rapport classique entre spectateur et peinture. Plutôt qu’une contemplation frontale et distante, j’invite les corps — ceux du performeur, du spectateur et de l’artiste — dans le dispositif de monstration. Ici, il ne s’agit plus de se contenter d’observer, mais de devenir actif, de prendre part à une mise en scène, une activation de l’espace.
Il ne s’agit pas d’un accrochage chronologique, mais d’une mise en relation d’éléments activés à partir de mots donnés aux performeurs — « Assembler, disposer, installer, interagir, composer » — et pensés comme une partition ou un scénario.
Commencer à partir d’un espace vide, pour créer une composition scénique des éléments et des corps, jouer avec les niveaux de regard, et amener le spectateur à circuler, à adapter sa position corporelle pour observer tout au long de la performance.
Considérer le dessin, comme un geste étendu dans l’espace, une matière à manipuler et à déplacer.
Les matériaux que j’utilise — bâches, métal, sangles — sont directement empruntés à l’univers du chantier. La transparence et la souplesse des bâches offrent aux corps peints une présence à la fois flottante et tactile, tandis que les structures métalliques s’inspirent de formes liées au mouvement : danse, sport, échafaudage. Durant la performance, le métal produit des sons et rythme certains gestes. Il me paraît important de prendre en compte les qualités sonores des matériaux utilisés.
Mon rapport à la peinture et au dessin passe essentiellement par le traitement de la silhouette. Ce qui m’intéresse dans le corps nu ou dans des vêtements très ajustés, c’est la manière dont apparaissent les volumes musculaires, les plis, les tensions et les jeux d’ombre. La peau devient alors une surface expressive où se lisent les mouvements. Les dessins au fusain, plus légers que la peinture, permettent de laisser dialoguer le geste avec la matérialité de la bâche, qui se comporte comme une peau.
Instagram : @charlotte.asmonti
@Photographies par Alexandre Beltrand