Syna est une police de caractères variable dérivée des écritures manuscrites cursives enseignées dans les écoles élémentaires.
Elle transpose le tracé de l’élève appliqué en lui imposant la contrainte de devenir géométrique. Cette police se dessine d’un seul trait, elle est monolinéaire, chaque signe se reliant à l’autre par une ligne de base commune. C’est un lien entre analogique et digital, un ancrage dans la tradition calli-typographique. L’écriture manuscrite nous permet de voir la lettre, à l’égal des anciens calligraphes, comme la projection de nos propres corps.
La lettre, à l’origine, était un dessin et les mots, des images.
Les récentes fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour le lieu présumé de l’invention du premier alphabet, à Sérabit-el-Khadim (« montagne du serviteur »), dans la péninsule du Sinaï en Égypte. Cet alphabet, le proto-sinaïtique, est né de la rencontre de travailleurs égyptiens et cananéens (Proche-Orient actuel), en adaptant les hiéroglyphes au langage cananéen. Par une évolution graphique, cette écriture donnera les formes de la quasi-totalité de nos lettres latines. Syna se voue à reconstituer ce glissement de l’image au signe, pour entrevoir les images qui se cachent derrière nos lettres. J’ai conçu dans cette démarche une série de 28 pictogrammes acrophoniques (un pictogramme par lettre représentant un mot commençant par cette même lettre). Chaque symbole peut être utilisé en tant que lettre ou pour signifier directement la chose qu’il représente.
Syna trace des liens, entre les signes d’abord, mais aussi avec les premières formes d’écritures et les écritures manuscrites. Elle s’ancre dans les traditions, tout en s’adaptant aux usages et formes de la typographie moderne.
©Arthur Euvrard
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@Photographies par Alexandre Beltrand