Maison Soustraire s’appuie sur l’hypothèse d’une réalité toute proche dans laquelle la baisse des moyens matériels transformerait nos environnements domestiques et les objets qui les composent. Cette possibilité nous pousse à questionner les restes et les traces que produirait un mode de vie actuel.
La designer Mathilde Pellé vit dans un appartement du territoire de Saint-Étienne pendant huit semaines. La matière des 112 objets présents dans son lieu de vie est amenée à être soustraite progressivement, ce qui entraîne une reconfiguration continue de l’espace, des objets eux-même et des usages. En présence d’un tiers de matière restante, elle cherche les limites matérielles des objets, des usages et teste les formes successives de fonctionnalité de son habitat. La designer dessine et met elle-même en œuvre les soustractions. Un atelier est installé sur place et elle peut aussi se tourner vers des entreprises ou des artisans stéphanois spécialisés. L’arbitrage des soustractions − quels objets sont diminués− est dirigé par des citoyens qui ont la possibilité de soumettre leurs choix sur le site internet de l’expérimentation. Semaine après semaine, face à la liste d’objets présents dans l’espace domestique, il leur faut répondre à cette question « De quoi l’habitante peut se passer ? » mais aussi questionner leur propre habitat « Chez vous, de quoi avez vous le plus besoin ? ».
Le lieu investi est un laboratoire pluridisciplinaire, qui produit des objets ainsi que de la matière théorique et documentaire. En précipitant la ruine d’un habitat et en agissant de façon liée sur la matière, les formes et les usages, l’expérimentation cherche à mettre en évidence les ruissellements qui existent entre nos ressources, les objets et l’habitat. Des actions et études spécifiques de chercheurs viendront compléter l’approche de la designer et former une analyse complète de l’expérimentation (pendant ou après celle-ci).
Une restitution de l’expérimentation sera proposée au public de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2021, «Bifurcations».
Mathilde Pellé
Designer indépendante, porteuse du projet Maison Soustraire. En parallèle d’une activité de production de formes (objets, lieux, ...), elle développe depuis 2016 "Soustraire", un projet de recherche qui s’intéresse aux actions soustractives appliquées à la matière, aux objets et aux usages. Ce travail lui permet de poser assidûment cette question : Pourquoi y a-til quelque chose plutôt que moins ? Elle collabore depuis fin 2019 au Deep Design Lab du Pôle Recherche de la Cité du Design, à Saint-Étienne.
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« De quoi peut-elle se passer ? »
Parmi 112 objets, choisissez lesquels devront être diminués.
Chaque semaine, un arbitrage citoyen désignera les objets desquels la designer devra soustraire 2/3 de matière. A travers un formulaire sur le site www.soustraire.fr et 3 bornes présentes sur le territoire Stéphanois (Médiathèque Tarentaize, Cité du Design, Amicale Crêt de Roc) chacun pourra influencer l’évolution du projet d’habitation expérimental.
Il faudra choisir de quoi la designer peut se passer, pour mieux se demander de quoi a-t-on le plus besoin ?
Un projet expérimental de Mathilde Pellé au sein du Deep design Lab, pôle recherche de la cité du design
co-produit par l’école urbaine de Lyon - études urbaines anthropocènes
Chercheurs, étudiants et artistes associés :
- Jérémy CHEVAL, Architecte et chercheur École urbaine de Lyon
- Étudiants du Master 1 Géographies Numériques (GéoNum) - Universités Lyon 2, Jean Monnet Saint-Étienne & ENS Lyon, dirigé par Thierry Joliveau, professeur de géographie et avec Clémentine Périnaud, A.T.E.R. en Géographie-Aménagement.
- Étudiants du Master Design de la transition - EESAB Brest, dirigé par Xavier MOULIN, designer et Morwena Novion, théoricienne du design.
- Jean-Marc Di Trocchio, Psychologue Clinicien
- Amicale Crêt de Roc, Association animatrice de la Rue Neyron
Ce travail a bénéficié d’une aide de l’Etat gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’investissements d’avenir portant la référence ANR 17-CONV-0004.
