Laureline Galliot, vrai ou FAUVE

Rencontre avec Laureline Galliot

Sommaire

par Anne-Charlotte Fraxanet

Diplômée de l’ENSCI - Les Ateliers en 2012, Laureline Galliot fait partie de la nouvelle génération de designers français. Elle inaugurera le cycle Présent >< Futur à la Cité du design avec son exposition vrai ou FAUVE à partir du 15 septembre 2023. Rencontre avec cette designer-peintre.

Vidéo : Réalisation Maëlle Dagron


Peux-tu nous parler de votre parcours ?

J’ai d’abord fait de la danse dans une compagnie, assez jeune. C’est important parce que quelque part, ça m’a donné le goût du décor. Alors certes, du décor de théâtre, mais ça m’a fait connaître des gens comme Sonia Delaunay, des peintres qui ont travaillé dans des catégories non excluantes. Je me suis intéressée à partir de là au design textile. J’ai fait une formation à l'école Olivier de Serres à Paris, puis je me suis intéressée à l’objet et j'ai  obtenu un diplôme de créateur industriel à l’ENSCI - Les Ateliers. Depuis, je travaille dans le sens de déployer tout ce que j’ai pu apprendre au travers de ce parcours de décorateur, jusqu’au design industriel. Concrètement, je suis designer et peintre. Je dessine des ensembles pour l’environnement domestique : ça peut être des tapis, des objets, des bols pour l’art de la table, des textiles et de temps en temps ça va vers l’accessoire, comme des vêtements ou des sacs.


Quelles sont tes inspirations ?

Mon inspiration, c’est toujours délicat d’en parler car c’est un rapport synesthésique au monde. Je suis curieuse de tout, mais la couleur me caractérise assez facilement quand on voit mon travail. C’est assez impactant. J’ai construit ma pratique progressivement en m’inspirant de peintres, tout simplement. J’allais dans les musées pour copier des tableaux. J’avais en main cet outil qui est l’iPad. L’idée était de voir, au travers ce que j’avais collecté, ce qui correspondait le mieux à l’outil. Ce n'est pas tant une signature, un style que je cherchais en adoptant cette démarche : ce qui m'a guidée, c’était plutôt d'essayer de respecter l’ADN de l’outil que j’avais entre les mains. C’est un peu comme si on collaborait avec ses outils. Au fur et à mesure, entre soi, l’outil et ses inspirations, on construit une signature mais cela part plutôt d'une expérimentation que d'une volonté de définir sa pratique au sens propre. Je n’ai pas vraiment cherché un positionnement, je voulais aller dans le chaos, copier un maximum de chose et voir ce qui allait sortir de plus pertinent de cette étude de la peinture.

Quel est ton rapport au fauvisme ? 

Les fauves, comme les expressionnistes, qui appartiennent à des mouvements picturaux similaires, sont les peintres chez qui je me suis le plus reconnue en travaillant avec l’iPad. Quelque part, quand vous travaillez avec une tablette numérique, il n'y a même plus la matérialité des couleurs, de la peinture qui vient nuancer les teintes. Vous avez la lumière qui vous sort des doigts. Et en fait, à mesure que je copiais ces tableaux, ma pratique s’est inscrite naturellement dans la filiation des fauves. Historiquement, les fauves ce sont des gens qui ont révolutionné la peinture en estimant que la couleur sortie du tube, ils allaient l’assumer telle quelle, ils n’allaient pas la nuancer pour copier des teintes réalistes. Donc ils se sont mis à peindre avec des tons extrêmes, saturés. Avec l’iPad, ça s’est réinvoqué assez facilement, parce qu’on a ce rapport aux tons complétement lumineux.

Qu’est ce qui t'a séduit dans le digital ?

C’est marrant parce que c’est plutôt une aversion au numérique qui m’a poussée à aller l’investir. Au début, j’ai travaillé avec des logiciels qu’on trouve communément dans les écoles de design, qui sont des logiciels de modélisation 3D, avec des techniques relevant de la géométrie mathématique. Moi, j’avais des difficultés à rester dans une approche sensible avec ces logiciels. Le jour où j’ai eu dans les mains les premiers écrans tactiles, il y a cette question du geste déposé sur écrans, qui d’un seul coup devient beaucoup plus sensible et qui fait un pied de nez à ce qu’on reproche à des logiciels trop géométriques. Donc je me suis dit : OK, je vais faire l’effort d’aller dans le numérique, que je n’affectionne pas particulièrement du tout, pour voir si effectivement il y a quelque chose qui se déploie, si je peux réinviter ma façon de peindre, au travers de cet outil. Ce qu’il y a d’agréable quand il y a des technologies émergentes qui arrivent comme ça, c’est que c’est un terrain vierge qu’on peut aller investir. Et on progresse, on apprend plein de trucs, on n’est pas dans une zone de confort. Je me suis mise alors non seulement à peindre sur tablette, mais à réfléchir à comment tout ce que j’allais générer sur cette tablette numérique pouvait ensuite exister dans l’espace physique. De fil en aiguille, de rencontre professionnelle en rencontre professionnelle, j’ai découvert les logiciels qui sont propres au cinéma d’animation, je me les suis appropriés et j’ai réussi à générer de la peinture en 3D pour concevoir directement des objets.

par Anne-Charlotte Fraxanet


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