
Appel à contributions pour la revue Azimuts - Design Art Recherche. Date limite : 16.02.2026
Le numéro 63 de la revue Azimuts - Design Art Recherche est porté par l’équipe de recherche Random(lab)
de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne.
Le Random(lab) est un lieu de recherches pratiques et théoriques
consacré à l’expérimentation en art, design et numérique. Le Random(lab) est
rattaché à l’Unité de Recherche
Numérique en Art et Design de l’Ésad Saint-Étienne/Ensba Lyon soutenue par la Direction générale de la
création artistique du Ministère de la Culture.
Détournement et économie des ressources : la création
numérique comme manière de jouer avec les contraintes.
Alors que le réchauffement climatique nous enjoint à
diminuer urgemment notre consommation d’énergie et que les logiques de
croissance immodérée touchent à leurs limites par épuisement des ressources,
nombre d’industries semblent ignorer ces évidences (énergie, construction,
transports, textile…), voire s’engagent dans des logiques d’accélération
irresponsables au regard de la gravité de la situation écologique. C’est
notamment le cas du secteur numérique qui, porté par le développement fulgurant
de l’intelligence artificielle, multiplie les data centers et la production
massive de composants et de périphériques engendrant une pollution
environnementale extrêmement importante.
Travailler dans le champ de la création numérique en
toute conscience de ce contexte n’est donc pas simple. Biberonné.e à la vitesse
des processeurs, au renouvellement rapide du hardware et à l’accessibilité
quasi instantanée de millions de produits technologiques en ligne, la/le
créateur.ice numérique s’inscrit souvent dans une logique de performance
technique en vue de plus de productivité et de « qualité » de rendu. Car
l’initiateur du projet - la/le commanditaire ou la/le créateur.ice même - vise généralement comme résultat des « standards de qualité » tenus dans des délais serrés. Ceci implique que la/le
créateur.ice possède un équipement numérique récent, s’abonne à des logiciels
et services en ligne et cède à l’achat de matériels et/ou matériaux neufs afin
d’assurer un rendu à l’échéance. C’est donc toute une logique de production
qu’il semble nécessaire de réinterroger puisqu’elle pousse vers des solutions
délétères pour l’environnement. Ne faut-il pas repenser, du côté de la
création/production comme du côté de la commande, les attendus du « livrable » ?
La mesure qualitative d’un projet ne doit-elle pas s’effectuer à l’aune de
critères incluant son processus de production ? Ceci implique que la mise en
œuvre d’un projet soit considérée comme aussi importante que son aboutissement : en d’autres termes, il faudrait inscrire la création numérique dans une
approche globale qui réévalue les critères d’un « bon projet » au-delà de son
seul résultat.
Ces questionnements sont portés, de
manière plus ou moins directe, par de multiples initiatives que ce numéro de la
revue Azimuts aimerait présenter et analyser.
On constate, par exemple, l’émergence
de mouvements tel que le permacomputing
(https://permacomputing.net/principles), dont la communauté défend une approche
mesurée du numérique et propose des principes de conception et d’usage
technologiques qui embrassent des pratiques plus larges que les seules solutions
techniques. La multiplication des homelabs - sorte de laboratoire
d’expérimentation informatique personnel, généralement lié à la gestion d’un
réseau privé partagé - et l’autohébergement de services Internet (voir, par
exemple, https://deuxfleurs.fr) ressemblent également à une tentative
de reprise de contrôle de nos infrastructures numériques.
En parallèle de ces démarches se
développe une critique académique portée par des événements scientifiques tels
que les rencontres internationales Limits (https://computingwithinlimits.org) qui explorent depuis 2015
les déploiements des « recherches informatiques contemporaines [...] liées aux
limites écologiques ». En écho plus direct avec la création, la journée d’étude « Représentations (non)écologiques du numérique » (https://je-econum.limitesnumeriques.fr/) mettait en évidence l’intérêt d’une « rematérialisation » du numérique afin d’en rendre visibles les conséquences
diverses.
Enfin, la place que consacrent les
festivals et centres d’art contemporain (notamment https://25.piksel.no/projects/compost-computing/) à ces sujets est un
marqueur important : ils exposent les propositions de nombreus.es artistes et
designers, chercheuses et ingénieures, mais aussi amateur.ices qui s’emparent
depuis longtemps de ces problématiques et explorent de nouvelles façons d’appréhender
le numérique, particulièrement les usages de l’informatique personnelle, par la
création, l’expérimentation et le bricolage.
Ces propositions de différentes
ampleurs, qui mobilisent des communautés diverses et de tailles variables,
s’attellent à ces problèmes importants et systémiques dans un allant
globalement positif, voire joyeux, qui semble consubstantiel à l’énergie nécessaire
pour résister aux pressions de l’industrie et à certaines décisions politiques
(Soupizet, 2025 ; Cour des comptes, 2025). Dans cette logique, on notera qu’une
composante majeure de ces approches est la posture subversive héritée du
mouvement hacker (voir notamment Michalet, 2021). C’est un
positionnement militant qui, bien qu’il ne soit pas toujours exprimé sous cet
angle, correspond à un mouvement de lutte contre le solutionnisme
technologique, la pensée climatosceptique et les risques d’un technofascisme
(Hadjadji & Tesquet, 2025).
Dans le cadre de cet appel à
contribution pour la revue Azimuts n°63, nous souhaiterions recueillir des
analyses, des comptes-rendus, des cas d’étude ou des rapports d’expérience en
art et design, mais aussi des textes de fictions spéculatives, voire des récits
d’anticipations à condition qu’ils soient étayés sur des observations
contemporaines et/ou une documentation aisément accessibles. En effet,
l’émergence de contre-récits pouvant proposer d’autres imaginaires numériques
que ceux issus des “Big Tech” paraît salutaire à bien des égards.
Benoit, F., & Celnik, N. (2022). Techno-luttes : Enquête sur ceux qui résistent à la technologie. Seuil. (Coll.
Reporterre)
Collectif. (2010). Ceux qui nous veulent du bien.
La Volte.
Cour des comptes. (11 septembre 2025), Les enjeux
de souveraineté des systèmes d’information civils de l’état.
Flipo, F. (2020). L’impératif de la sobriété
numérique : L’enjeu des modes de vie. Éditions Matériologiques.
Hadjadji, N., & Tesquet, O. (2025). Apocalypse
Nerds. Éditions Divergences.
Howey, H. (2017). Silo - L’intégrale. Actes
Sud. (Coll. Exofictions)
Michalet, J. (12/2021). Le (dé/re)faire du hacker
critique, ses enjeux écologiques et anthropologiques. Dans S. Fétro (dir.), Les
Arts de faire : Acte 2 - Design du peu, pratiques ordinaires. Design
Arts Medias.
https://journal.dampress.org/issues/design-du-peu-pratiques-ordinaires/le-de-re-faire-du-hacker-critique-ses-enjeux-ecologiques-et-anthropologiques
Richard, C. (2018). Petit ouvrage d’autonomie
technologique. 369. (Coll. Manuels)
Raffard, M. Roussel, M. (2025). Bourrage papier.
Leçons politiques d’une imprimante. Les liens qui libèrent.
Soupizet, J.-F. (2025). Des géants du Net toujours
plus puissants. Futuribles, 464, 19-39.
https://shs.cairn.info/revue-futuribles-2025-1-page-19?lang=fr
Nous encourageons les contributions critiques, théoriques, expérimentales ou fondées sur des projets concrets. Chercheur.euses, designer.euses, artistes et théoricien.nes sont invité.es à soumettre des textes, articles, interviews ou propositions visuelles explorant la thématique proposée.
Ce numéro est porté par l’équipe du Random(lab) de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, composante de l’Unité de Recherche Numérique en art et design de l’Ésad Saint-Étienne/Ensba Lyon (https://u-r-n.io), soutenue par la Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture.

Les résumés des propositions de
contribution doivent être envoyés avant le 16.02.2026
Les propositions doivent comporter un titre, le prénom et le nom de
l’auteur·ice, ainsi que quelques lignes de présentation [biographie (qualité,
rattachement institutionnel ou lieu d’exercice de la profession) et une ou deux
références bibliographiques propres à l’auteur].
Le dépôt se fait via : azimuts.contribution@esadse.fr avec l’objet « Azimuts-contribution n°63 »
- Format du fichier : .doc, .pdf
- Intitulé du fichier : « nom de l’auteur·ice_ AZ63 »
L’iconographie
éventuelle doit être envoyée via la même adresse mail.
Pour l’appel à contribution, la taille du résumé
demandé est de 2 000 signes pour des textes finaux d’une taille de 8 000 à 15 000
signes.
En parallèle pour le bon suivi de votre dépôt, nous vous remercions de compléter le formulaire ci-dessous :
Formulaire
Premier retour aux
contributeur·ice·s : 5 mars 2026
Suivi éditorial : mars-mai 2026
Les textes acceptés seront à rendre
terminés (texte + iconographie éventuelle) le 15.05.2026 :
• en cas de texte : entre 8 000 et
15 000 signes maximum,
• en cas de contribution
essentiellement visuelle : entre 1 et 8 pages, format : 22 cm de haut x 16.5 cm
de large.
Date de parution du numéro en langue française
(livre) et anglaise (numérique) : printemps 2027
Pour toutes questions et informations complémentaires, merci d’utiliser la même adresse mail que pour l’envoi des propositions : azimuts.contribution@esadse.fr




