À travers ses expositions et événements, la Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2022, s’intéresse aux différentes bifurcations expérimentées par le secteur de la mode. Éco-responsabilité, jeu avec les genres et les cultures... panorama.
L’industrie de la mode est emblématique. L’histoire de sa production permet de mettre en lumière les problématiques actuelles de nos sociétés de consommation1. Très visible, elle est souvent pointée du doigt pour toutes les pollutions qu’elle génère2. Sa forte exposition (dans les médias, sur les réseaux sociaux, sur nos dos tous les jours) lui confère un important potentiel : qu’on s’y intéresse ou non, nous sommes toutes et tous quotidiennement en contact avec la mode et les messages qu’elle porte. Se voulant à la pointe, elle cherche à innover, être exemplaire, ce qui aujourd’hui exige de proposer de nouveaux modèles.
« La mode durable » apparaît comme un paradoxe. La mode, qui se caractérise par ses vogues, ne peut exister que dans le mouvement, le changement. La tendance est par définition opposée à la stabilité, la durabilité dans le temps.
Assortie à l’accélération globale de nos modes de vie3, la mode s’est emballée ces dernières décennies. Elle se renouvelle à un rythme effréné, épuisant ses créateurs et les ressources nécessaires à la fabrication de vêtements, accessoires, cosmétiques…4
Avec la progressive prise de conscience écologique du grand public, la question est posée : peut-on s’habiller sans sur-consommer ? De nombreuses propositions de vêtements sobres, intemporels, classiques, « hors-mode » ont émergé. En parallèle, des projets cherchant des alternatives plus créatives, festives, éco-responsables mais permettant aux individus de continuer à s’exprimer avec leurs vêtements et jouer avec leurs identités, se développent.
La Biennale accueille plusieurs événements qui permettent de voir la mode non pas comme un objet figé sous une vitrine, mais telle qu’elle est : vivante, légère, surprenante.
Les mouvements LGBTQIA+5 inventent actuellement de nouvelles façons de prendre part au débat public, et gagnent en visibilité. À la recherche d’alternatives, les relations aux corps, aux sexes, aux genres sont questionnées. D’autres voies sont explorées, à la recherche de formes de sociétés non fondées sur la binarité.
Dans ce contexte, la mode est un support d’expression plébiscité.
Trop souvent, des marques établies se sont servies dans d’autres cultures, dans un phénomène d’appropriation culturelle, aux relents post-coloniaux. Plusieurs polémiques, à propos par exemples des coiffures des défilés Marc Jacobs en 2015 et 2016, ont ouvert le débat sur ce phénomène6. S’il est convenu que le contact avec d’autres cultures est source d’inspiration, la réinterprétation doit être respectueuse, la source doit être honorée, et les revenus engendrés doivent être redistribués. La spoliation de richesses, la déformation servant des stéréotypes racistes, le pillage culturel ne peuvent plus être tolérés.
Lors de la biennale, plusieurs projets invitent à découvrir la diversité derrière le mot « modes » qui aujourd’hui n’a vraiment de sens qu’au pluriel.
Les dates et horaires peuvent être amenés à changer, pensez à vérifier sur les pages dédiées.
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