Revue | Azimuts

Azimuts Design Art Recherche n°56

Se permettre l'écriture chez les designer·euse·s, artistes, chercheur·euse·s

Azimuts 56 -  Karolina Borkowska, Lucie Sahuquet

par Vincent Gobber

Aujourd’hui les ☀✬❀ doivent écrire en toutes sortes d’occasions, qu’iels aiment cela ou non. Beaucoup n’aiment pas cela, et beaucoup aimeraient pouvoir écrire plus facilement.

L’écriture n’est pas intimidante en soi, elle le devient. L’apprentissage de l’écriture, en France, est profondément liée à l’école, et « bien écrire » est l’une des clefs principales de la réussite scolaire.  Les enfants se détachent progressivement du dessin, pour dire et signifier par des symboles précis et obéissant à un système dense de règles (orthographiques, syntaxiques, grammaticales, graphiques, sociales, etc.). L’écart entre langue parlée et langue écrite se creuse petit à petit, s’institutionnalise, pour faire de l’écriture un moyen d’expression inégalement accessible et légitimé.

Revendiquer un « écrit » peut être considéré comme un privilège bourgeois. En tant que ☀✬❀, nous faisons partie d’une bourgeoisie culturelle qui nous autorise à bousculer les normes, les limites et leur hégémonie (ou domination). Pour les ☀✬❀, l’écriture est parfois un espace d’expérimentation et de recherche. Iels utilisent cet espace de création et s’autorisent à rompre avec les codes de la dite « écriture » instruite. Les formats et les registres employés, les thématiques et connexions souvent transdisciplinaires et parfois déconnectées de leurs outils d'expertise habituels, constituent un ensemble de productions théoriques ou de recherche qui échappe aux standards universitaires et qui sont, souvent, difficiles à catégoriser.

Ce numéro rassemble des contributeurices ☀✬❀ qui se permettent de « faire » par l’écriture. Il abordera l’apprentissage et la déconstruction des normes d’écritures, l’utilisation libre et plurielle de formes d’écritures, et l’écriture comme action. Nous traverserons ainsi différentes incarnations d’écriture : en livre imprimé, en retranscription, en ré-écriture, en prompteur, en manifeste, en traduction, en production de lutte et en opéra.


Sommaire

Éditorial
Karolina Borkowska, Laïta Cardin, Lucie Sahuquet

Dossier

Hyphe, éditer des mémoires d’école d’art et design et témoignage d’une micro-maison d’édition. - Interview des éditions hyphe par Laïta Cardin

Ça dit quoi - Ambre Charpier & Dorian Reunkrilerk

non en fait c'est mal dit : 3 formes 1 fond - Lucie Sahuquet

Teasing NWTV : vers un « deep design » des abstractions
– Script de téléprompteur - Simone Fehlinger

Manifestes et écrits en design graphique. Usages pluriels de la liste.
- Léonore Conte

Anthologie

Let it Percolate, a manifesto of reading - Sophie Seita

VARIA
Pratique artistique, travail et/ou lutte ? - Invitation de Louise Moulin et Anaïs Enjalbert pour une discussion au sein de l’occupation de l'Esadse avec Yhélo, Pierre, Mathias, Uriel·e, Samantha et Lucie

Compte-rendu
Écrire, fabriquer des livres et se baigner dans des forêts - Retranscription d’une discussion entre Laïta Cardin, Lucie Sahuquet, Karolina Borkowska, Samantha Zannoni à propos de la pratique de Mathilde Sauzet

Colophon


Auteur.e.s

Ambre Charpier
Ambre Charpier, Doctorante en Arts et Sciences de l'art, spécialité Design, Arts, Médias, Université Paris I Panthéon- Sorbonne, Institut ACTE en codirection avec Codesign Lab & Media Studies, membre du collectif DAM et critique d’art pour les Éditions Paien.
Dorian Reunkrilerk, docteur en sciences du Design et sciences de l’Information et de la Communication, Codesign Lab & Media Studies (IP Paris), chercheur associé à l’axe Design, Arts, Médias de l’Institut Acte, Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Léonore Conte
Léonore Conte est enseignante en design graphique à l’École supérieure d’arts appliqués et textile de Roubaix et à l’École supérieure d’art et de design d’Amiens. Elle est docteur en design graphique et chercheuse associée au laboratoire AIAC (Université Paris 8). Sa thèse porte sur la double réflexivité du manifeste en design graphique aux XXe et XXIe siècles et à la contribution de ce genre à la culture en formation. Elle s’intéresse plus généralement aux pratiques de l’écrit des designers graphiques et à leurs formes de publication et de diffusion.

Anaïs Enjalbert
Vit et travaille à Saint-Étienne. Graphiste pour le syndicat Solidaires (l'Union des syndicats Sud/Solidaires), et graphiste et éditrice pour Riot Éditions. Couturière pour Solidaires et pour le mouvement social.

Simone Fehlinger
Simone Fehlinger (École supérieure d'art et design de Saint-Étienne, Université de Strasbourg). Designer graphique, diplômée d’un master en arts politiques ― SPEAP, Sciences Po Paris, Simone Fehlinger co-fonde le « Deep Design Lab ― Explorations profondes des matérialités et des représentations visuelles de l’Anthropocène » à la Cité du design-École supérieure d'art et design de Saint-Étienne, où elle enseigne désormais le design et les méthodologies de recherche. En explorant la science et la fiction du bulletin météorologique mainstream qui organise les réalités quotidiennes anthropocènes, elle est doctorante à l’UR ACCRA à l’Université de Strasbourg.

Vincent Gebel
Vincent Gebel est designer graphique indépendant depuis sa sortie de l'Esadse en 2010. Auparavant il est passé par l'ENS-Design et à la Sorbonne pour un Master en design et environnement. Attaché à la recherche et à la transmission, c'est dans le domaine du livre qu'il consacre la grande partie de son activité. Catalogues, essais, ouvrages de recherche, livres d'artiste il collabore avec des structures de toutes tailles avec le même investissement. Il dessine également et enseigne à l'université depuis 2020.

Ambre Lacroix
Après avoir suivi des études de physique et travaillé dans la vulgarisation scientifique, Ambre Lacroix intègre en 2013 l’ISBA (Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon). Aujourd'hui, elle co-conçoit avec Kaspar Tainturier-Fink les projets de la compagnie de théâtre Une bonne masse solaire associée à la Scène Nationale Les Deux Scènes (Besançon). Leur recherche commune questionne leur région, la Franche-Comtée, ses paysages, ses histoires et nos rapports à eux ; nos héritages abandonnés ou désolés, les négociations que nous rencontrons avec notre passé et notre présent. Ielles travaillent avec différents artistes invités. La marche et les rencontres sont essentielles à leur processus de création.

Les commissaires anonymes
Les commissaires anonymes est une unité curatoriale et éditoriale qui réunit la curatrice Mathilde Sauzet et les graphistes Charles Beauté et Juliette Goiffon. Iels éditent des essais textuels et graphiques considérant la plasticité des savoirs, les pratiques inclassables et les échanges interdisciplinaires. Eldorado Maximum, L’île des réunions, Ghettopéra, Prose postérieure, Pilote, Vikhi Vhavek et Copiez ce livre composent l’encyclopédie éclectique Stimuli. Inspirée tant par Que sais-je? que par Copains des bois, la collection rassemble des contenus de recherche en art et en design, abordant des objets de société et prenant des formes expérimentales, poétiques et graphiques.

Yusha Ly
C’est en partie avec les mots que Yusha Ly tisse et construit des rythmes avec lesquels se mouvoir. Son travail explore les relations interhumaines et interespèces, à travers un prisme écoféministe et décolonial. Plasticien, performeureuse et poétesse, iel rassemble, écrit et tend la parole, passe des histoires qui parlent de femmes (au sens large), d’arbres, d’oiseaux, de guerres, de liens qui se nouent et se dénouent… Ces installations se construisent autour d'objets qu'iel fabrique et qu'iel active lors de performances, avec des gestes ou des lectures.
En 2022, suite à deux résidences d'écriture, avec Esox Lucius et Castel Coucou, son édition Cueillir des coquillages dans le lac sans eau est publiée en 200 exemplaires ; en découle une performance.

Gabriel Mattei
Chef d’orchestre et compositeur formé à Paris et à Vienne, Gabriel Mattei partage ses activités entre la direction d’orchestre et la création musicale dans les domaines du théâtre et des arts visuels. Directeur musical d’Acanthe, chœur et orchestre de sud Bourgogne (création 2021) et du Kammerensemble Kehl-Strasbourg, il développe une exigence musicale transversale alliant sa volonté d’expérimentation à son expérience de la grande tradition de la musique classique.

Louise Moulin
Louise Moulin gagne sa vie en tant que graphiste indépendante. En parallèle, elle met depuis dix ans sa créativité au service d'initiatives ou de collectifs informels qui luttent contre le monde mortifère. Début 2019, elle a eu une idée qui est devenue Plein le dos.

Mathilde Sauzet
Mathilde Sauzet est commissaire d’exposition indépendante, artiste et co-fondatrice la maison d’édition Les commissaires anonymes. Autrice d’expositions, d’articles, de fictions et de pièces musicales, elle aime faire de son travail d’écriture un médium expérimental, support à la création visuelle et musicale, à la recherche transdisciplinaire et à l’enseignement.

Sophie Seita
Sophie Seita est une artiste et écrivaine dont le matériau de travail est la langue, à travers de vastes projets d'écriture, performances, conférences-performances, vidéos, installations sonores, ainsi que des projets textiles. Elle a présenté, interprété et exposé son travail à l'échelle nationale et internationale dans des lieux tels que la Royal Academy of Art, The Serpentine, Flat Time House, UP Projects, LaMaMa Galleria (New York), Printed Matter (New York), Queer Art Projects, Cafe Oto, JNU (New Delhi), Kettle’s Yard (Cambridge) et a.p./Callie’s à Berlin, entre autres. Elle est l'auteur d’ouvrages parmi lesquels, récemment, Provisional Avant-Gardes (Presses universitaires de Stanford, 2019) et My Little Enlightenment Plays (Paménar, 2020). Ses projets à venir incluent une exposition à Mimosa House, à Londres (26 octobre-8 décembre 2023) et un livre d’essais expérimentaux, Lessons of Decal, à paraître chez 87 Press. À l'automne 2022, Sophie a été artiste en résidence Dorothea Schlegel à Berlin ; et au printemps 2023, elle a été en résidence à l’Université Brown, et chercheuse invitée à Cornell. Elle enseigne au département d’art de l’université Goldsmiths.


Éléments techniques

Distributeur et diffuseur : Les Presses du réel
Éditeur : Cité du design/Esadse
Parution : Septembre 2023
Langues : français et anglais
Format : 165 × 220 mm
Pagination : 164 pages
ISSN : 1160 9958 · 56
ISBN : 9782492621161
Prix : 25 €


Disponibilité

Boutique de la Cité du designEn ligneLes Presses du Réel

Contact

azimuts@esadse.fr

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