TIBAN x dach&zephir
Depuis 2015, dans une démarche de re-construction d’un imaginaire créole qui se raconte, se transmet et se partage, dach&zephir imagine pour la maison d’édition TIBAN des objets-produits, capables de trouver leur place dans les intérieurs créoles d’aujourd’hui.
Chaque produit, objet ou petit mobilier développé en étroite collaboration avec l’éditeur antillais est un moyen de faire valoir l'idée d'une production 100% locale. Tiban (2015-17), Pòpòt (2021), Tabouret (2024) ou encore Zékay (2024) en sont les premiers exemples.
En valorisant les savoirs et savoir-faire propres aux îles et régions environnantes dans une véritable logique écologique, les objets sont produits en petites séries, en fonction de la disponibilité des ressources.
Le tiban, une icône du mobilier créole
réinterprétée par dach&zephir
Objet élémentaire, le tiban est un marqueur de
la culture créole et de la débrouillardise des
communautés esclavisées. Fabriqué à partir de
planches de bois récupérées et de clous, c’est
le seul meuble que l’on pouvait trouver dans les
cases rudimentaires des villages négriers des
Antilles : les rues Cases-Nègres.
Le tiban imaginé par le duo de designers
permet de réfléchir à des manières d’inscrire
durablement cet élément de mobilier dans
l’imaginaire de l’île, de la Caraïbe et du Monde.
Pensé pour une production locale et sérielle, son
histoire résonne à travers un dessin modeste
et efficace, en référence aux mécanismes de
construction du tiban traditionnel. Les différentes
pièces tiennent dans une planche de bois et
sont assemblées mécaniquement.
Les objets que l’on dessine pour la maison d'édition TIBAN sont inspirés et ancrés dans des formes, des récits et des façons de faire, mais aussi des contraintes et des limites qui sont celles de l’île. Cette collaboration nous permet de présenter fièrement les Antilles françaises dans un récit français de la création en design, où elles sont encore invisibles.
Entre Antilles et France hexagonale
L’art de la vannerie française, largement reconnu et répandu aujourd’hui,
connaît des manifestations particulières aux Antilles.
Souvent invisibilisée, la figure de l’artisan vannier aux Antilles laisse place à
celle du « fabricant » ou du « marchand de paniers », mettant sous silence tout
un pan de l’histoire créative de ce savoir-faire.
Durant près d'un an, Florian Dach et Dimitri Zephir sont partis à la recherche
des histoires de la vannerie qui s'écrivent entre les Antilles françaises
(spécifiquement, la Guadeloupe) et la France hexagonale. Une dizaine
d’artisans vanniers de Guadeloupe et de métropole sont invités à réfléchir à la
possibilité d'une vannerie métissée.
Camille Beaujour, l'un des derniers artisans fabricants
salako de l'île des Saintes.
C’est à force d’observations méticuleuses et
de « faire » qu’il se forme aux secrets, gestes
et subtilités de ces chapeaux fabriqués avant
lui par ses parents et grands-parents. Il est
considéré comme l’un des derniers artisans fabricants
de salako, le chapeau traditionnel des
Saintes (îlets de l’archipel de la Guadeloupe).
D'un commun accord avec l'artisan, dach&zephir
imagine le futur de ce savoir-faire dont l'état de
préservation est jugé critique, selon une étude
menée par la direction des affaires culturelles de
Guadeloupe.
Du salako porté par les pêcheurs, les designers
soustraient le textile protecteur pour révéler la
structure. Ils en conservent la forme principale
et travaillent sur des déclinaisons de formes
et formats, associant semi-produits issus de
l'industrie et bois locaux pour décliner une
collection de corbeilles comme une alternative
nouvelle pour ce « petit-métier ».
Les propositions que nous avons co-imaginées avec les artisans se veulent fortement imprégnées de l’essentialité et de la quotidienneté historiques du savoir-faire. Ensemble, elles célèbrent la richesse et la diversité des histoires culturelles, créatives et sémantiques qui les constituent.
Réinventé par dach&zephir
On raconte que ce couteau, produit en France depuis des générations à Thiers, a fait son apparition aux Antilles comme cadeau de mariage d’une cuisinière qui a confectionné par la suite la fameuse sauce chien des Antilles.
Une histoire et un destin singuliers pour un couteau produit à Thiers et devenu célèbre aux Antilles, grâce à ses usages réinventés par les locaux depuis près d'un siècle... Le duo de designers dach&zephir en propose un témoignage, tout en explorant ses futurs potentiels à travers une collection imprégnée des gestes et des traditions de l'île.
Un couteau qui incarne la tradition du réemploi
Aujourd’hui, le couteau CHIEN, dont la production est presque exclusivement vendue aux Antilles, compose le nécessaire de la cuisinière antillaise.
La renommée du couteau CHIEN repose sur la finesse d’une lame toujours aiguisée qui lui offre un potentiel d’usages inégalé.
En parallèle de la production du couteau CHIEN originel, se développe aux Antilles françaises, une tradition du réemploi : le manche en inox endommagé par l'humidité et la rouille laisse place à des réponses pertinentes de la part des communautés créoles qui personnalisent le manche au gré de son état d’usage.
C’est ainsi qu’est né le couteau CHIEN avec un manche en bois et caoutchouc (pour une meilleure adhérence). Dans le même esprit, le fameux pik a glass réutilise, lui, une lame dont les polissages à répétition en ont fait un pic.
Couteaux CHIEN pou fwi é légim (pour fruits et légumes), 2018-2021, couteaux, lame inox, mahogany, amarante, et Cachibou et aroman (vannerie karayib), éponge et élastique, 2019 © dach&zephir
dach&zephir x CB2
Pour sa première collaboration à l’international, dach&zephir signe la collection Sonjé karayib (Souviens-toi de la Caraïbe) pour la marque américaine CB2.
Cette nouvelle collaboration permet à Florian Dach et Dimitri Zephir de considérer leurs recherches à propos des Antilles sous un angle nouveau :la production de pièces de grande série pour un public essentiellement américain.
Sonjé karayib est une collection d’objets et de mobilier. Les imaginaires de la Caraïbe en constituent la toile de fond avec des souvenirs, des scènes de vie, des formes...
Commercialisé depuis janvier 2024, Balizié figure parmi les best-sellers de la marque.
Avec cet objet-sculpture inspiré d'une fleur de la famille des Heliconia (appelée balizié en
Guadeloupe), les designers déploient un hommage particulier au balizié.
Portant le regard sur l’architecture particulière de cette fleur qui pousse à l’état sauvage dans
les forêts de la Guadeloupe, il prend la forme poétique et symbolique d’une sculpture, objet
décoratif en laiton vieilli et travertin. Pourtant, le message diffusé
dans une composition florale est tout autre.
Aux Antilles, offrir un bouquet avec cette fleur est une manière de montrer son attention, sa loyauté et sa fidélité envers un tiers. Un message qui tend à disparaître et dont il nous semblait important de témoigner en faisant apparaître cette fleur à l’intérieur des maisons.
Une entrée dans les collections du CNAP
À découvrir dans l’exposition, l’un des vases de la collection Vases Péyi signée dach&zephir, produite dans le cadre de la commande publique du Centre national des arts plastiques (CNAP) « Créer un vase ».
dach&zephir est l’un des dix lauréats retenus à l’issue d’un appel à candidature lancé par le CNAP en 2023, qui vise à reconnaître et encourager la vitalité de la création contemporaine dans le champ du design, des arts décoratifs et des métiers d’art. Les vases créés rejoindront les collections du CNAP et pourront être édités. Dans l’exposition simé grenn, le vase Fèy bannann sera présenté pour la première fois aux visiteurs.
Une recherche sur l’objet vase et ses
potentielles manifestations dans les espaces
créoles que sont les Antilles françaises.
dach&zephir a pensé cette commande comme
un nouvel espace de création et d’expression
pour la Guadeloupe et la Martinique, et les
manières de « faire bouquet ».
Les trois propositions regroupées sous le nom
Vases Péyi, se veulent empreintes de localité,
nourries d’imaginaires, de pratiques, de
savoirs et de savoir-faire propres à ces îles.
À travers Fèy bannann, la beauté des feuilles
séchées du bananier, que l’on regarde comme
un déchet, est ici sublimée. Hommage à des
pratiques anciennes de confection aux moyens
du végétal, elles permettent de dissimuler
un corps central en terre cuite tournée — la
matière même de la forêt. Un savoir-faire
ancestral pratiqué par une petite poignée
d’artisans dans les îles.
Plus qu'un vase, Fèy Bannann est une
présence, un feuillage où des fleurs locales
« feront bouquet ».