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Raddar #3 Politiques du design. Pour un design anarchiste.

Entretien avec Ernesto Oroza et Olivier Peyricot

par Marine Fulchiron Lecointe

Couverture Raddar 3 © Raddar

Extrait 
« L’impact  social du design ne suscite plus aucun doute. Les courants critiques, les postures écologiques, engagées ou activistes qui de plus en plus occupent le terrain, soulignent son rôle politique et l’influence du système des objets et des infrastructures sur les comportements et les valeurs d’une société. Mais est-il possible d’envisager un design véritablement autonome, autodéterminé, égalitaire, émancipé du pouvoir économique et politique, libre et non pas simplement libertaire? Est-il possible de penser un design anarchiste ?  Depuis plusieurs années, Ernesto Oroza et Olivier Peyricot ne cessent, par leurs activités de designers, chercheurs et commissaires d’exposition, d’explorer cette voie. » — Emanuele Quinz


Une anthropologie anarchiste, entendue comme un “discours éthique sur une pratique révolutionnaire”, exigerait une relation différente entre l’intellectuel et le peuple ; une relation inclusive et non élitiste. Elle devrait rejeter par principe l’autorité et les logiques “mutilantes” qui, selon Ivan Illich, découlent de la professionnalisation et de la spécialisation.

Ernesto Oroza

 … l’action de projeter, de jeter en avant, est probablement ce qui restera du design, si celui-ci doit disparaître. Cette action est surprenante car elle ne prédit que partiellement, elle dit surtout en quoi elle ne tiendra pas totalement sa promesse dès le départ. Elle ne peut être ni exclusive, ni excluante, elle est forcément ouverte à toutes les visions du monde, elle confirme la faillite du rationnel.

Olivier Peyricot

Cette conversation entre Ernesto Oroza et Olivier Peyricot donne des clefs de compréhension des travaux de ces deux designers chercheurs opérant à Saint-Étienne.
En échangeant des points de vue critiques sur Victor Papanek, Ivan Illich et David Graeber, mais aussi en transposant les travaux de Julio Garcia Espinosa et Augusto Boal, les deux designers exposent, d'une part leurs arguments pour démontrer la puissance du design pour façonner les environnements et les individus ; et d'autre part, confrontent la simplification et le simulacre du métadiscours sur le design à la réalité crue des environnements matériels où évolue le plus grand nombre.

L'article donne les références nécessaires pour introduire les sujets de recherches qu'ils mènent au sein de leurs laboratoires : démocratie design & technique pour Olivier PeyricotEveryone can design even designers pour Ernesto Oroza.
 
Les deux designers chercheurs proposeront des productions de recherche sous forme d'expositions lors de la prochaine Biennale Internationale Design Saint-Étienne du 6 Avril au 31 Juillet 2022. Autofictions, une biographie de l'objet automobile (co-commissariat Olivier Peyricot & Anne Chaniolleau) et A l'intérieur de la production (commissariat Ernesto Oroza & étudiants du CyDRe)

Olivier Peyricot est designer, directeur de la plateforme de recherche de la Cité du design depuis 2014, commissaire général de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2017, Working promesse : les mutations du travail et directeur scientifique de la  Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2022, Bifurcations. Il a cofondé l’agence de design IDSland (1996-2010),  consultant en design & urbanisme et enseignant à l’École nationale supérieure des art décoratifs – Ensad (2008-2014). Il est représenté par la Galerie Mercier & Associés (Paris) et présent dans les collections du MoMA, du FNAC, du VIA et du Centre Pompidou. Il fut commissaire des expositions Née dans les fougères, 2015, Panorama des mutations du travail, 2017  Dépliages, 2019 et Autofiction 2022.

Ernesto Oroza est designer, chercheur, responsable du 3e cycle Design et recherche à l’École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne, directeur éditorial d’Azimuts. Il s’est intéressé aux architectures de la nécessité, à la désobéissance technologique et autres sujets qui relient design et société en temps de crise économique et politique. Son travail a été présenté au MoMA, au LABoral Arte y Creación Industrial (Espagne), au musée des Beaux-Arts de Montréal. Il a reçu des bourses de la Fondation Guggenheime de la Fondation Pernod Ricard, entre autres.

Raddar est une revue de recherche bilingue (français-anglais)
Conçue entre la Suisse et la France, et éditée par le Mudac (Musée de design et d'arts appliqués contemporains, Lausanne) et T&P Publishing (Paris), Raddar souhaite favoriser le dialogue entre la recherche francophone et le reste des zones linguistiques. Elle est dotée d’un comité scientifique européen, formé de conservateurs de musées et d’universitaires et d’un board éditorial (mudac + T&P) qui choisissent pour chaque numéro un(e) directeur/trice scientifique. La revue organise des relectures croisées entre pairs (membres du comité et spécialistes si le sujet l’exige) non anonymes. Raddar est particulièrement attentif aux jeunes chercheurs afin d’encourager et de permettre des recherches exigeantes.

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par Marine Fulchiron Lecointe


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