Prochaine exposition

Flops !
Quand le design s’emmêle...

Du 11 décembre au 21 février 2021

Qu'ont en commun des Google Glass, des verres à vin siamois et un miroir pour mythomane ? Ils font Flops !  Mais ils nous invitent également à nous questionner sur les raisons de leur inadéquation.

Quelles sont les causes qui mènent une innovation à l'échec ou au succès ? Comment les ratés peuvent-ils servir l'innovation ? Qu'est-ce qui déclenche l'appropriation par les utilisateurs ?  

Les flops sont des éléments utiles pour comprendre les problématiques de la création. Ils nous amènent également à comprendre ce qui fait qu'un produit devient culte et satisfait les rêves et désirs d'une société.

L'exposition Flops ! Quand le design s'emmêle vous propose un regard décomplexé et plein d'humour sur les flops du design.

Ça ne marche pas ! Qu'on les retourne dans tous les sens, qu'on se plie à leur fonctionnement avec toute la volonté du monde, qu'on fasse preuve de la plus grande des patiences : non, cela ne fonctionne pas. Tous ces objets sont inutilisables. Avec eux, le design s'emmêle, échoue à satisfaire l'usager.

Classés en trois parties ces objets sont :

  • Improbables : quarante machines et produits industriels qui ont fait flop, issus des collections du Museum of Failure, le musée suédois de l'erreur
  • Inconfortables : des ustensiles du quotidien rendus inutilisables par un léger détournement imaginé par l'architecte designer Katerina Kamprani,
  • Introuvables : une centaine d'objets à expérimenter sans craindre l'échec, nés ou inspirés du fameux Catalogue des objets introuvables de l'illustrateur dadaïste Carelman

Autant d'occasions de découvrir, en creux, par accumulation et par le rire, le rôle du design dans la fabrication d'un objet et l'adéquation entre la forme et la fonction. Que raconte la forme ? Comment contribue-t-elle à faciliter (ou à entraver) l'usage ?  À quel besoin de l'utilisateur répond-elle ?
L'opportunité, aussi, de questionner l'erreur : que dit-elle d'un processus de production, de l'état d'une technologie, d'une culture ? Que racontent ainsi, plus largement, les objets sur notre monde ?

Delorean DMC-12, 1981-1983, © KW43 Branddesign
Première partie

Les Improbables

Mais comment ont-ils pu arriver sur le marché ? A posteriori, l'existence même des quarante produits exposés paraît hautement improbable. La preuve ? Tous sont des flops, des échecs commerciaux ou financiers retentissants, avec un point commun : leur utilisation est problématique. Leur usage est malaisé, malaisant ou même impossible. Entre leur conception et leur mise en service, le design a échoué ou a été tout simplement oublié.

Les questions que posent le designer - « à quoi cela sert-il ? qu'est-ce que cela évoque ? dans quel environnement cela s'inscrit-il ? à quel besoin cela répond-il ? -n'ont pas été posées, n'ont pas été entendues, ou n'ont jamais abouties à la remise en cause du projet.

Résultat : les erreurs, issues de domaines différents - conception, management, techniques ou technologiques, matériaux... -, ont toutes contrarié la fiabilité du produit ou son appropriation par les usagers. 

Tous ces défauts ne signent pas la fin de l'histoire. Pris en compte, analysés, décortiqués dans un processus de design avec l'utilisateur au centre, ils ont parfois servi de base à de grands succès. C'est un des enseignements voulus par Samuel West, fondateur du Museum of Failure, le musée de l'échec, ouvert en Suède en 2017, dont est issue la sélection d'objets présentée.

Bouteille absorbante La matière dont elle est faite en double pratiquement la capacité,
Réalisé à partir d’un dessin issu du catalogue des objets introuvables, Jacques Carelman
©2019 Cité des sciences et de l’industrie exposition clin d’œil à Jacques Car
Seconde partie

Les Introuvables

« Un jour la rivière Manufrance, les ruisseaux Brocante et Pataphysique, les torrents Dadaïsme et Surréalisme se rejoignirent en un fleuve que j'ai baptisé Catalogue d'objets introuvables »

Jacques Carelman

Leurs formes sont surprenantes, leurs noms étonnants et leur fonction toujours particulière. Issus ou inspirés du Catalogue d'objets introuvables de Jacques Carelman, tous ces engins, outils, ustensiles ou dispositifs sont dénués de toute ambition utilitaire. S'ils servent, c'est à rire ou à pleurer, à s'interroger sur l'origine des machines ou peut-être découvrir le pourquoi du comment. Une seule certitude, ils sont « parfaitement inutilisables », soulignait l'illustrateur et pataphysicien en quatrième de couverture de son ouvrage. À vous de tester ces objets, par le geste ou l'imagination. De déceler leurs plus grandes failles ou leurs meilleures intentions. Ils sont « le contraire de ces gadgets dont notre société de consommation est si friande », écrivait encore Carelman. Ils trouvent leur origine dans le fameux catalogue « Manufrance, Manufacture française d'armes et cycles » qu'il feuilletait enfant et qui lui a « procuré [ses] premières et inoubliables émotions poétiques » grâce à ces étranges objets aux fonctionnements inconnus et aux noms barbares.     

The Uncomfortable Watering Can © Katerina Kamprani
Troisième partie

Les Inconfortables

En déconstruisant le langage invisible du design dans notre réalité domestique, Katerina Kamprani apporte de légères modifications aux propriétés fondamentales d'objets simples du quotidien, et questionne nos attentes concernant la fonctionnalité. Les modèles conceptuels établis sont brisés, ce qui conduit à une appréciation du conventionnel à travers un design défectueux. La sémiotique de l'objet d'origine est maintenue, mais l'observateur est trompé lorsqu'il tente de simuler son fonctionnement, ce qui bouleverse ses attentes et donne à ces objets usuels un aspect inconfortable, absurde, et souvent surréaliste.

Conciliant humour, art et design, Katerina Kamprani analyse et redessine les objets du quotidien afin de les rendre inconfortables.